Assurance emprunteur changer : comment et quand modifier son contrat pour faire des économies
Assurance emprunteur changer : comment et quand modifier son contrat pour faire des économies
Pourquoi changer d’assurance emprunteur peut vous faire économiser gros
Vous avez signé votre crédit immobilier il y a quelques années, avec l’euphorie de l’achat et les rendez-vous à la banque qui s’enchaînaient. Entre deux signatures, votre conseiller vous a glissé un contrat d’assurance emprunteur sous le nez, celui de sa propre maison bien sûr… et vous avez signé. Normal. À ce moment-là, vous étiez plus concentré sur la clé de votre futur chez-vous que sur les petits caractères du contrat.
Mais aujourd’hui, prenons quelques secondes : et si ce contrat n’était plus compétitif ? Mieux : et s’il vous faisait perdre des milliers d’euros sur la durée ? Spoiler alert : c’est souvent le cas. Et oui, changer d’assurance emprunteur, ce n’est pas seulement possible, c’est souvent rentable. Voyons comment et quand le faire intelligemment.
Assurance emprunteur : le rappel express
L’assurance emprunteur, c’est ce filet de sécurité indispensable quand on souscrit un prêt immobilier. Elle couvre, selon les garanties, le remboursement de vos mensualités en cas de décès, d’invalidité, voire d’incapacité temporaire de travail. Sans elle, pas de crédit.
Mais ce que la majorité des Français ignore, c’est qu’on n’est pas obligé de garder l’assurance vendue par sa banque. En réalité, depuis quelques années, les lois successives (Lagarde, Hamon, Bourquin, et plus récemment la loi Lemoine) vous offrent davantage de liberté pour en changer. Et bonne nouvelle : cette liberté peut rimer avec économies substantielles.
Pourquoi votre contrat actuel n’est probablement pas optimal
Les banques ont développé pendant longtemps ce qu’on appelle de jolies synergies avec leurs filiales d’assurance. Résultat : en signant votre prêt, on vous a proposé une “assurance groupe”, mutualisée, peu personnalisée… et souvent plus chère. Pourquoi ? Parce que l’objectif est de lisser les risques entre tous les emprunteurs.
Mais si vous êtes jeune, en bonne santé, non-fumeur… votre profil présente moins de risques que la moyenne. Alors pourquoi payer autant ? Il existe des contrats individuels, souvent via des assureurs alternatifs, taillés sur-mesure pour des profils comme le vôtre, et qui peuvent permettre d’économiser jusqu’à 50 % sur le coût total de l’assurance.
Quand peut-on changer son assurance emprunteur ?
Les règles ont changé — en votre faveur. Voici où on en est :
- Dès la souscription du prêt : C’est le principe de la délégation d’assurance permis par la loi Lagarde. Vous n’êtes pas obligé d’accepter le contrat de la banque. Vous pouvez prendre une assurance concurrente dès le départ, à conditions équivalentes de garanties.
- Durant la première année : La loi Hamon (2014) vous permet de résilier votre assurance à tout moment durant les 12 premiers mois après la signature de l’offre de prêt. Aucune justification n’est nécessaire, et la banque ne peut pas refuser si l’équivalence des garanties est respectée.
- Chaque année à date anniversaire : La loi Bourquin (2018) est venue étendre ce droit, permettant de résilier son assurance chaque année, à la date anniversaire du contrat, toujours sous condition d’équivalence de garanties.
- À tout moment depuis 2022 : La loi Lemoine introduit LA vraie révolution : vous pouvez désormais changer d’assurance à tout moment, sans attendre une date particulière, pour les offres émises à partir de septembre 2022. Elle s’applique progressivement à tous les contrats depuis juin 2022.
- Analysez votre contrat actuel : Quelle est la mensualité ? Quelles garanties sont prévues ? Avez-vous des exclusions importantes ? Tout est dans les petites lignes… mais aussi dans le TAEA (Taux Annuel Effectif de l’Assurance), obligatoire depuis 2015 et qui vous permet de comparer plus facilement.
- Comparez les offres concurrentes : Là, vous pouvez passer par un comparateur en ligne ou contacter un courtier. L’idée est simple : obtenir des devis d’assurance “en équivalence”. Autrement dit, le nouveau contrat doit offrir les mêmes garanties que l’ancien (ou supérieures), sinon la banque pourrait refuser.
- Faites une demande de substitution : Une fois le contrat trouvé, vous devez envoyer un courrier recommandé avec accusé de réception à votre banque, accompagné du nouveau contrat et de la fiche d’équivalence des garanties (souvent fournie par votre nouvel assureur ou courtier).
- Attendez la validation : La banque dispose de 10 jours ouvrés pour répondre. En cas de refus, elle doit motiver très précisément sa décision. En cas d’acceptation, c’est tout bon : vous commencez à économiser dès le mois suivant.
- Votre banque ne peut pas vous pénaliser pour avoir changé d’assureur.
- Le refus d’une demande de substitution doit être justifié sur des critères objectifs.
- La banque ne peut pas modifier les conditions de votre crédit parce que vous changez d’assurance.
Vous l’aurez compris : le timing n’est plus un problème. Ce qui reste, c’est la méthode.
Comment changer efficacement d’assurance emprunteur
Changer d’assurance n’est pas une partie de dominos, mais avec un peu de méthode, c’est largement faisable. Et non, vous n’avez pas besoin d’un avocat fiscaliste spécialisé pour y parvenir.
Voici les étapes à suivre :
Et voilà, pas de stress ni de paperasse infinie. En théorie, tout peut se boucler en quelques semaines.
Combien pouvez-vous réellement économiser ?
Parlons chiffres. Imaginons que vous avez 35 ans, que vous avez emprunté 250 000 € sur 20 ans, et que vous payez actuellement une assurance bancaire à 0,36 % du capital emprunté. Cela représente environ 18 000 € sur la durée du prêt. Si vous optez pour une assurance individuelle à 0,12 %, vous tombez autour de 6 000 €.
Soit une économie de 12 000 €. Ce n’est pas un fond de tiroir. C’est un scooter. Ou les études supérieures du petit dernier. Ou deux belles vacances en Grèce. Bref, ça mérite réflexion.
Des exemples concrets pour y voir plus clair
– Julie et Thomas, 32 ans, non-fumeurs : Ils avaient souscrit leur prêt il y a 4 ans avec une assurance bancaire classique. En 2023, ils décident de faire le point avec leur courtier. Résultat : 11 500 € d’économies sur la durée restant à courir, pour les mêmes garanties.
– Arthur, 45 ans, indépendant avec quelques soucis de dos : Grâce à une délégation, il a pu mieux adapter les garanties à son profil professionnel compliqué. Son nouveau contrat est certes un peu plus cher mensuellement, mais couvre bien mieux ses risques réels. À long terme, c’est un choix stratégique gagnant.
Ce que dit (vraiment) la loi
N’ayez pas peur des textes législatifs. Voici ce qu’ils vous garantissent aujourd’hui :
Et si elle joue au plus malin, un petit courrier de rappel réglementaire ou un signalement à la DGCCRF devrait suffire à remettre les pendules à l’heure.
Quelques pièges à éviter
1. Se précipiter sans vérifier l’équivalence des garanties : Si la nouvelle assurance propose moins, votre banque dira non. Donc on vérifie point par point.
2. Ne pas respecter les délais : Même si la loi Lemoine vous donne beaucoup de liberté, certaines banques continuent à pinailler. Soyez rigoureux dans les délais et privilégiez le recommandé avec accusé de réception.
3. Oublier la validation de la banque : Tant que la banque n’a pas formellement accepté le changement, votre ancien contrat reste en vigueur.
Ce qu’il faut retenir
Changer d’assurance emprunteur, ce n’est ni compliqué, ni rare, ni risqué. C’est même une démarche saine que tout emprunteur devrait envisager au moins une fois. Car derrière un changement bien mené, il y a souvent des économies concrètes et une couverture mieux adaptée à votre situation réelle.
Et si vraiment vous hésitez, demandez-vous ceci : est-ce que je laisserais 10 000 € sur la table sans même jeter un œil ? Non ? Alors il est peut-être temps d’ouvrir ce contrat d’assurance rangé tout au fond du tiroir à côté du mode d’emploi du four.
À vous de jouer.
